Quarante-huit retraités de 65 à 85 ans aux revenus modestes (moins de 5 000 francs net par mois) participent à une expérience pionnière qui n'a pourtant rien de futuriste. Ils mènent une existence paisible aux Fauvettes à Mérignac, commune de 60 000 habitants dont 18,5% ont plus de 60 ans. Un taux supérieur à celui de la moyenne nationale où ils représentent 15,9% de la population. En l'an 2020, les plus de 60 ans seront plus nombreux que les plus de 20 ans. A la fin du XXIe siècle, prévoit l'ONU, les plus de 60 ans représenteront près de 30% de la population mondiale contre 10% en 1995. Le siècle découvre les conséquences de l'allongement de la durée de vie.

A Mérignac, le problème du troisième âge s'est tout naturellement posé au cours d'une réflexion urbanistique: douze bâtiments de la résidence HLM des Fauvettes construits en centre-ville entre 1956 et 1958 se sont retrouvés au centre d'un projet destiné à faire passer cette commune de banlieue de l'agglomération bordelaise au stade de ville moyenne à part entière. Conscient de la nécessité d'intégrer les personnes âgées dans la vie de la ville, Bernard Garandeau, adjoint à l'action sociale, a saisi l'occasion pour poser «une question d'éthique, engager une réflexion de société», car «chaque fois que l'on crée un clivage, on crée un problème de société».

Mélanger les générations. Réflexion partagée par Jean-François Dartigues, épidémiologiste à l'unité 330 de l'Inserm, responsable de l'étude Paquid (Quid sur les personnes