Boston et New York, envoyée spéciale.
Une feuille plastifiée, d'un quart de millimètre d'épaisseur, flexible comme du papier. A l'intérieur, des millions de microcapsules d'un dixième de millimètre de diamètre prises dans un sandwich d'électrodes. Dans chaque microcapsule, des milliers de particules blan-ches baignent dans un pigment bleu. Selon la polarité du champ électrique, les particules blanches migrent soit vers le haut soit vers le bas, forment soit un point blanc soit un point bleu. Sur le recto de la feuille plastifiée apparaissent alors des lettres. Des lettres dessinées d'une encre électronique pour écrire «le livre ultime», selon l'expression de l'inventeur de cette e-ink. En 1990, «pour obtenir mon doctorat en physique, j'avais besoin de beaucoup de livres. J'ai pensé qu'il serait bien d'avoir tout sous la main», explique Joseph Jacobson, 34 ans aujourd'hui, professeur assistant au Massachusetts Institute of Technology (le MIT) de Cambridge, près de Boston. Son projet est de créer un support constitué de plusieurs centaines de pages, capable de se régénérer en un clin d'oeil. Un livre sur lequel on puisse passer de Jane Eyre au Chicago Tribune en quelques secondes. «Joseph Jacobson est un visionnaire. Il me fait penser à Thomas Edison, l'inventeur de la lampe à incandescence», raconte un proche qui travaille aujourd'hui dans la start-up créée en 1997 par Jacobson et deux de ses étudiants pour commercialiser l'invention. Une start-up baptisée tout naturellement"