Lydia, 46 ans, est intérimaire. Secrétaire de direction, elle
enchaîne les missions, une semaine, quinze jours...
«Je travaille en intérim depuis dix ans. J'y suis venue après un licenciement. J'ai fait mon deuil du CDI. Je ne vois pas quel employeur pourrait m'embaucher, à mon âge et sans diplôme. Mais j'ai de l'expérience. A force d'enchaîner les missions, j'ai appris à travailler sur tous les logiciels. C'est le bon côté de l'intérim. Je veux rester positive, je ne refuserai jamais une mission. Même si ce n'est pas rose tous les jours. J'ai trois grands enfants. Je n'ai pas pu offrir à mon aîné la formation dont il rêvait. Il voulait faire Supélec, je n'en ai pas les moyens, c'est mon plus grand regret. Mais il a réussi le concours de l'Ensam qui est aussi une bonne école d'ingénieurs. Je gagne en moyenne 6 000 francs par mois. La paie de mon mari, permet de payer loyer et charges du foyer. On ne fait pas d'extra: pas de week-ends à la campagne, de restaurants, de cinéma.
Etre intérimaire, ça veut dire être souple. A tous les niveaux. Quand j'arrive dans une entreprise, je dois être opérationnelle tout de suite, faire comme si je connaissais toutes les habitudes, les procédures. Il faut retenir les noms des gens, éviter les impairs. Et mettre son orgueil dans sa poche. Car un intérimaire qui comprend vite s'attire facilement l'hostilité des salariés. Je reconnais tout de suite ceux qui ont peur pour leur place. Je ne me mets jamais en avant, je suis très diplomate. Certaine