«Maître auxiliaire à l'année? C'est le rêve! Certains effectuent
quinze jours ici, un mois là, avec trois semaines de trou au milieu.» Pour un peu, Michel se présenterait comme un privilégié. Mieux loti, en tout cas, que certains enseignants, certes titulaires, mais qui enchaînent les missions ponctuelles sur deux, trois ou quatre établissements. Ils ont la sécurité de l'emploi, pas la tranquillité du travail. Pourtant, le «maître aux'» qui signe des contrats à durée déterminée (CDD) représente le comble de la précarité façon Education nationale. Il accomplit les mêmes tâches que ses collègues, le salaire, le respect et la formation en moins. «La première année, j'ai reçu un coup de fil du rectorat fin septembre pour m'annoncer que je débutais" le lendemain. Le principal du collège où j'étais affecté m'a simplement souhaité bonne chance et conseillé de me taire pour calmer les élèves, si le chahut montait. Ceci étant, le conseil était bon!» Ce sera le seul. La première arrivée en salle des profs est réfrigérante. «Je me souviens encore, le premier jour, du bruit des fourchettes sur les assiettes Arcopal, à la cantine. Je n'entendais que cela: personne ne me parlait.» Pas facile de se faire une place quand on est de passage dans cet univers où l'on entre pour quarante ans via le rituel des concours d'enseignement. Et où règne une étouffante loi du silence sur les problèmes que l'on rencontre dans l'exercice du métier.
«Mes relations avec les enseignants se sont améliorées le