Elle dit: «Depuis que je travaille au Samu social, je ne laisse jamais un type allongé sur un trottoir. En voiture, à pied, en famille, avec des amis, je m'arrête, je vais lui parler, voir s'il a besoin d'aide. Si oui, j'appelle le 115 (1).» Marie-Christine a 44 ans. Il y a deux ans, elle a mis entre parenthèses sa vie de femme au foyer, ses deux enfants, et s'est inscrite dans une formation de chargée d'accueil d'urgence sociale. Pour se coltiner la misère. Celle de la rue, qu'elle ne supportait plus de voir sans rien faire. «Je faisais comme tout le monde, une petite pièce, trois mots, quelques vêtements, mais en travaillant dans une structure on peut agir vraiment. Je ne voulais pas me contenter de distribuer des repas au restau du coeur ou ailleurs. Je n'ai pas une vocation de dame patronnesse.» Pendant un an, elle tourne la nuit dans les camions du Samu social. Va à la rencontre des sans-abri, s'assoit sur les bouches de métro, parle, offre le café, établit le contact, doucement, écoute, propose de les emmener, n'oblige pas. Et recommence la nuit suivante. Autour d'elle, une partie de la famille, des amis, les connaissances ne comprennent pas. «Pourquoi une femme abandonne-t-elle mari et enfants la nuit pour s'occuper des clodos? Elle a un problème?» Elle répond seulement: «Rien de personnel, je vous assure, mais avec cette société qui exclut, oui.» Elle met toujours un point d'honneur à serrer les mains, dire «bonsoir messieurs», toucher. Peut-être une manière de ne p
Gérants de la misère.
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par Nadya CHARVET
publié le 15 mai 2000 à 1h15
(mis à jour le 15 mai 2000 à 1h15)
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