Toulon, envoyé spécial.
L'an passé, c'était contre le Stade français, à Mayol, l'un des cinq matchs que j'ai disputés comme titulaire. Je peux dire que, sportivement, j'ai vécu un moment magique, le stade était plein.» Une seule grosse contrariété a perturbé le jeune homme: «Je me souviens qu'en me promenant dans la ville, j'étais tombé sur une affiche annonçant un meeting de Jean-Marie Le Pen. Le jour même, il était dans les tribunes. On en a ri après le match, parce qu'on devait bien être cinq ou six Maghrébins dans l'équipe.» Boumedienne Allam, 20 ans, pas loin du double mètre, un peu au-dessus du quintal, joueur d'avant («deuxième, non, plutôt troisième ligne»), est au Racing Club de Toulon depuis bientôt trois ans. Arrivant du Vaucluse, où les bagarres de ruelles lui avaient un peu forgé le caractère. «Dans les quartiers on aimait bien se chamailler. A 12 ans, je faisais déjà 1,90 m et 90 kilos, mais je peux vous dire que même sans ballon je n'étais pas le plus fort.» C'est à Apt qu'un éducateur va le convertir: «Un type m'a aidé à aimer le rugby, à faire la première passe.» Juste initiative, très vite le jeune costaud va gravir les étapes. Des clubs lui font de l'oeil, Montauban, Nice, Castres. C'est pourtant Toulon qu'il va choisir. «J'ai longuement hésité, Toulon, c'était quand même le Front national, Le Chevallier, Le Pen qui venait régulièrement.» En même temps, le fils de l'artisan maçon, petits boulots, mère au foyer, sept autres frères et soeurs, entrevoit un dé