Gérard Paquet, 57 ans, habite toujours au pied de son grand oeuvre, à
Châteauvallon. «Je passe devant tous les jours», dit-il. Sans y aller: «J'ai décidé de garder mes distances.» Sur son bébé, qu'il a cofondé et auquel il a donné trente-trois ans, avant d'être licencié, en février 1997, il assure n'avoir «ni regret ni amertume». On peut en douter. Même si l'homme estime avoir gagné son combat contre le FN, il lui reste une grosse boule au fond de la gorge.
«On m'a licencié; on ne m'en a pas donné réparation.» Il en veut à Catherine Trautmann, l'ex-ministre de la Culture, même si elle lui a offert une porte de sortie. «C'est une erreur politique de ne rien faire contre mon éviction. C'est admettre que la décision de l'administrateur judiciaire était juste.» Sans doute est-il aussi déçu de ne pas avoir capitalisé davantage d'enthousiasme, localement, sur son nom: «Ce n'est pas lui qu'on soutenait, c'est Châteauvallon», remarque un Toulonnais. Aussi, Gérard Paquet envisage de réclamer un droit de propriété intellectuelle sur son «oeuvre». «On a inventé un lieu qui n'a aucun équivalent ni en France ni, à ma connaissance, ailleurs. Comme Langlois a inventé la Cinémathèque. Ce genre de création est de plus en plus considéré comme une oeuvre artistique.» En attendant, il trouve que ses successeurs manquent de mémoire: «J'ai parfois l'impression qu'on voudrait dire: il ne s'est rien passé. Comme si je restais quelqu'un de dérangeant et d'emmerdant.» Exclu de sa colline, Gérard Paqu