Amis névrosés (je suis des vôtres), sachez d'abord, pour ne pas
avoir le nez sur la vitre, que du pionnier de l'école française Hesnard au contemporain Mathis, Toulon fut et demeure foyer psychanalytique national.
Nonobstant, oublié ses «marchés de Provence» chantés jadis par le Toulonnais Bécaud, Toulon était déjà bas dans l'imaginaire hexagonal: une ville qu'on traverse (mal), sans même voir la mer. Et voici que depuis le vote de 1995, en contrepoint d'un Marseille très tendance (Méditerranée fraternelle, métissage assumé et patin-couffin), les grands imprécateurs ont dénoncé sa crispation identitaire (Raimu statufié, folklore et tutu panpan).
A la longue, ça fatigue. D'autant que, sans jeu de mots, Toulon est national jusqu'à la caricature. Du bas de sa rue d'Alger, nos vaisseaux partirent conquérir l'Algérie. (Incidente: il y a les bons Arabes, qui libérèrent la ville en 44, et les autres. Le rejet de l'ex-colonisé n'a d'égal que celui de l'Italien d'antan). Autour de la marine, la ville s'est faite, elle a noué ses drames et ses amnésies. Son syndicalisme puissant s'est posé face à l'Etat. Saupoudrée de poussières d'empire [maururu (1) Tahitiens rois de la pirogue, Réunionnais, Vietnamiens"], elle a été creuset national de Corses, Bretons, Provençaux: villa Ker Moco (2). Elle a reçu tant de rapatriés" Fille de la marine, la ville ne va pourtant pas vraiment vers la mer dont un urbanisme fou l'a barrée.Son ex-maire M. Arreckx a su doter la ville de plages, il n'a pu jeter s