Après avoir été vendeuse de vêtements pendant vingt ans, Françoise,
40 ans, est devenue chauffeur de taxi.
«J'ai été très longtemps vendeuse dans une boutique plutôt chic de prêt-à-porter pour dames. C'était un boulot plaisant. Avec des clientes plutôt friquées, faciles. Et puis un jour on m'a fait comprendre que je devenais trop vieille, que je ne collais plus avec la marque. Je n'avais rien à gagner à rester là. Alors j'ai négocié mon licenciement, tranquillement, et je suis partie avec un peu de sous. Ça faisait un moment que j'avais envie de me mettre à mon compte, de ne plus avoir de chef. Taxi" pourquoi pas? J'ai toujours aimé les voitures, et Paris aussi, ce qui faisait un bon début pour se lancer dans l'aventure. J'ai suivi une formation pendant deux semaines. Tout s'est bien passé. Sur le plan technique au moins, car humainement, ce n'était pas forcément le rêve. J'étais la seule femme et tous les hommes me regardaient bizarrement. On s'est foutu de moi, en me faisant remarquer qu'une gonzesse, c'est forcément nul au volant. Que si je crevais, je ne serais même pas foutue de changer une roue. Les trucs habituels, j'imagine, que doivent entendre les filles qui passent des permis poids lourds.
«L'un des stagiaires était particulièrement agressif avec moi. Dès que j'ouvrais la bouche, il m'envoyait des remarques sexistes, bien désagréables: un jour il m'a dit de retourner à mon repassage et de la fermer. J'ai bondi et je l'ai menacé de lui casser la figure. Il n'a plus ri