L'économie a beau vouloir s'apparenter à une science exacte, calculs
et statistiques n'empêchent pas de faire des grosses bourdes. Le 29 mai, quatre grandes institutions (Cerc Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale , Insee, Commissariat au plan et université d'Evry) organisent un colloque sur les working poors travailleurs pauvres. Honorable initiative, sauf que pas une femme n'a été invitée à s'exprimer parmi les seize intervenants. La remarque peut s'apparenter à une énième revendication de parité. Elle soulève une vraie question. Dans le court texte de présentation du colloque, les organisateurs parlent «de ménages» pauvres, de temps partiel, de bas salaires ou d'exclusion, sans jamais employé le mot «femme». Jolie performance, sachant que les working poors sont d'abord des femmes, que le temps partiel les concerne à 85%, que les bas salaires sont majoritairement féminins. Pourtant, les organisateurs expliquent fort justement que la très forte augmentation des travailleurs pauvres en France dans les années 90 est liée au «développement du temps partiel court et contraint, à celui des contrats à durée déterminée, ou de façon plus générale, au temps non complet (1).»
La théorie économique, qui se targue d'analyser le plus scientifiquement possible le réel, oublie donc que le monde est sexué et préfère se retrancher derrière un genre neutre, nettement moins dérangeant.
Cette analyse a fait bondir tous ceux et celles qui s'évertuent à démontrer la dimens