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Libération
Interview

Emploi. Le virage de l'autoformation. Les chemins de croix de la vieille école. L'ajusteur-mécanicien devenu médecin.

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publié le 22 mai 2000 à 0h53

Jean-Claude Bourgois, 50 ans, marié, père de deux enfants de 25 et

20 ans, exerce la médecine générale à Cournon (Puy-de-Dôme), près de Clermont-Ferrand. Un médecin pas comme les autres, disent ses patients. Et pour cause: Jean-Claude a décidé d'entreprendre des études de médecine ­ un vieux rêve d'enfance ­ à 25 ans alors qu'il travaillait comme ajusteur mécanicien à Nevers. Parti avec beaucoup d'années de retard et une énorme carence dans les matières scientifiques, il parle aujourd'hui de ses études comme «des moments les plus heureux de sa vie».

«Le déclic est arrivé en 1974. J'écoutais à la radio l'émission de Pierre Bellemare qui s'intitulait Y a toujours quelque chose à faire qui portait ce jour-là sur les reçus-recalés au concours d'entrée en fac de médecine. Tout d'un coup, je me suis dit que je pouvais en faire autant que l'auditeur qui parlait, il avait deux ans de plus que moi et tentait le concours d'entrée en médecine. La médecine m'intéressait depuis toujours. Chez mes parents, il y avait un Larousse médical dans lequel j'étais toujours plongé. Mais après mon bac littéraire, je m'étais autocensuré. Car, à cause de la religion adventiste de mon père, j'avais manqué tous les cours du samedi matin pendant mes trois années de lycée, et mon niveau en maths, physique et chimie était nul!

«Ma fille venait à peine de naître. Pourtant, ma femme, qui était inspectrice des impôts stagiaire rémunérée, a accepté tout de suite. J'ai abandonné mon emploi d'ajusteur, j'ai su