Montpellier, de notre correspondante.
Midi. Salle des profs, du collège Jean-Jaurès à Mèze. Fraîche agrégée d'histoire-géo, Thérèse échange une recette de cuisine avec Marie, prof d'occitan et de lettres. L'une savoure la découverte du métier, l'autre affronte les premières désillusions. A 31 ans, mère d'un bébé, Marie préfère encore parler popotte que métier. Elle termine sa première année à Jean-Jaurès (480 élèves). Ecoeurée. «A la rentrée, j'ai demandé aux élèves de troisième de se procurer un livre pour la Toussaint. On est à la fin de l'année et 11 ne l'ont toujours pas. Ils refusent de l'acheter au prétexte que leurs parents ne veulent pas gaspiller 24 francs pour un livre. En sept ans d'enseignement, je n'ai jamais vu ça», explique-t-elle. Alors le métier, elle essaie de l'oublier.
Enervement. Quelques collègues essaient de lui remonter le moral. «La première année à Mèze est toujours dure, explique Françoise, prof d'éducation physique, native du bassin de Thau où mouille le port de Mèze. Ici, l'école n'est pas une référence pour les élèves. Les Mézois, ceux qui vivent de la pêche et de la conchyliculture, n'ont pas besoin de diplômes pour bien gagner leur vie et le revendiquent. Pour eux, l'école ne donne qu'un diplôme, et un diplôme ne sert à rien. Alors leurs enfants mettent les enseignants à l'épreuve.» Régis, 34 ans, prof de physique venu d'un lycée où il enseignait à des scientifiques motivés, a passé le temps de l'énervement. Deux ans après son arrivée au collège