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Libération
Interview

Profs. Pourquoi le malaise. «Une perte de foi dans les valeurs». Selon Agnès Van Zanten, les finalités de l'éducation sont floues.

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publié le 27 mai 2000 à 0h47

Agnès Van Zanten est sociologue, chargée de recherche au CNRS ­

observatoire sociologique du changement. Elle s'intéresse aux enseignants qui travaillent dans les quartiers difficiles et prépare pour la rentrée un livre sur les écoles de banlieue (L'Ecole périphérique, éd. PUF).

Quels sont les principaux enseignements du sondage «Libération»-Louis Harris?

Ce qui apparaît très clairement, c'est la perte de foi dans les valeurs de démocratisation de l'école. Les enseignants ne pensent plus que celle-ci puisse réduire les inégalités. En fait, ils considèrent toujours le «mérite» comme une valeur fondatrice du système scolaire ­ c'était pour eux une source énorme de satisfaction, à la fois sur le plan personnel et professionnel ­ et ils ne retrouvent plus cette valeur-là aujourd'hui dans l'école, en partie à cause des passages automatiques d'une classe à l'autre et du rôle des parents.

Les professeurs n'ont plus de vision claire des finalités de l'enseignement. En corollaire, ils ne se sont pas saisis de l'éducation à la citoyenneté, perçue comme une préoccupation déconnectée de la transmission des savoirs. Ils ne peuvent donc pas s'investir collectivement dans un «projet citoyen» qui pourrait donner un sens à l'école aujourd'hui.

L'enquête montre aussi qu'ils ne sont pas préparés à ces nouvelles missions" Il y a effectivement un décalage entre la formation et l'exercice réel du métier. Il y a une véritable «resocialisation professionnelle» dans les établissements scolaires, mais ell