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Interview

Profs. Pourquoi le malaise. Une psychanalyste, un chercheur et un historien de l'éducation analysent les symptômes du mal-être de la profession. «On ne peut pas enseigner seul». Par Anny Cordié.

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publié le 27 mai 2000 à 0h46

Anny Cordié est neuropsychiatre et psychanalyste. Elle a d'abord

écrit les Cancres n'existent pas, et devant les réactions des enseignants face à ce livre qui s'attachait à mettre à jour la fragilité psychologique des «mauvais élèves», elle s'est penchée sur la difficulté d'être enseignant. D'où un deuxième livre, publié en 1998, Malaise chez l'enseignant, l'éducation confrontée à la psychanalyse, aux éditions du Seuil.

D'où vient le malaise des enseignants?

L'enseignant est confronté à des demandes multiples: de sa hiérarchie, des parents, des élèves" on le rend «responsable de tout». Mais ces demandes contradictoires le placent aussitôt dans une situation instable. S'ajoutent à cela ses propres exigences. L'enseignant a souvent une très haute idée de sa fonction: il tient à être «à hauteur de sa tâche», ne veut jamais perdre la face" Alors, quand la réalité ne correspond pas à l'image qu'il aimerait donner de lui-même, il se sent coupable. Est-ce que je ne serais pas un «bon enseignant»? Mais posons-nous la question qu'est-ce qu'un bon enseignant: est-ce celui qui satisfait aux exigences de l'Education nationale, à celles des parents ou aux attentes des élèves? Selon le point de vue où l'on se place, la réponse sera différente. Ces exigences contradictoires risquent de déstabiliser les enseignants les plus fragiles avec les conséquences que l'on connaît: le ras-le-bol, la dépression ou des réactions de défense. On accuse l'Autre, les programmes, la société, l'incurie des élè