Si les exagérations et les provocations de Claude Allègre expliquent
l'hostilité qu'il s'est attiré, elles n'excusent pas les formes qu'elle a prises. Jamais une explication n'a été une justification. Peut-être les passions qu'il a suscitées sont-elles aujourd'hui assez apaisées pour qu'on puisse jeter un regard serein sur les dérives auxquelles certains enseignants se sont laissé emporter. Certains ont franchi les limites acceptables tant du point de vue de la déontologie de leur métier que d'un fonctionnement démocratique. Le plus inquiétant est qu'aucune voix ne s'élève aujourd'hui pour le signaler.
La mobilisation des enseignants est légitime; elle fait partie de leurs droits, et personne ne le leur conteste. Ce qui n'est pas légitime, c'est d'avoir impliqué les élèves dans la contestation comme ils l'ont fait. Pour trois raisons.
Ministre-cible. En premier lieu, dans une démocratie, pourvu qu'ils ne remettent pas en question les fondements de la société, tous les points de vue sont légitimes. Même celui du ministre. La question de savoir s'il avait raison ou tort est une question libre: transformer le débat en une cause, c'est embrigader les élèves et leur imposer un point de vue totalitaire, à partir d'une information partielle, sinon partisane. Où est l'éducation de l'esprit critique, quand la passion déferle? Quand les slogans remplacent les arguments? Joindre son cri à la clameur de la foule ne saurait tenir lieu de raison et les enseignants devraient savoir raison ga