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Libération

Binh Castel, 23 ans.

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Président du MAG (Mouvement des jeunes gais et lesbiennes).
par
publié le 24 juin 2000 à 1h48
(mis à jour le 24 juin 2000 à 1h48)

"J'ai eu une période de transition dans ma vie où j'ai moins vu mes amis d'enfance et j'ai plus investi dans le milieu homo. Et après j'ai tout gardé, mes amis du lycée qui m'ont toujours soutenu et les nouveaux, homos, que je me suis fais en fac. Avec Violaine, ma meilleure amie, qui vient d'un milieu très catho, ça a été long et fatigant d'expliquer ce que c'est d'être homo, j'ai dû "vulgariser" et redire tous les questionnements que j'avais dépassés. Avec Anouck, une autre amie, c'est le contraire : elle tombe des nues quand je lui dis qu'on est discriminés. Elle ne voit pas le problème. Aujourd'hui, mes cousines me demandent toujours des nouvelles de mes petits amis ; si elles m'invitent en vacances, elles précisent que je peux venir accompagné. Les filles sont nettement plus à l'aise, elles aiment bien venir au MAG pour souffler un peu, s'amuser sans être draguées, ce qui suscite parfois l'irritation des lesbiennes qui se méfient de ces "filles à pédés". Quand un hétéro vient à l'association, on ne peut pas s'empêcher de lui dire : vas-y, ressens ce que c'est que d'être un hétéro seul au milieu de plein d'homos. Les hétéros qui viennent sont nos amis, ou des filles qui soutiennent un nouveau. Elles font le lien entre les deux mondes. Nous n'avons pas envie de faire la part des choses, copains homos d'un côté, copains hétéros de l'autre, dans la vie militante comme dans la vie tout court. Alors on fréquente des endroits mixtes où on est sûrs que personne ne se fera recal