On pourrait définir la mixité comme une cohabitation fertile entre hétérosexuels et homosexuels. Mais c'est d'abord l'histoire d'un rapport de force : tant que la communauté homosexuelle a vécu cachée dans l'oppression absolue, elle n'avait pas d'autre alternative que de se battre sur le terrain de la sécession. A l'exclusion répondait, pour survivre, la nécessité de construire une identité, des lieux de protection et de revendication: associations, bars, réseaux privés où l'hétéro n'avait pas sa place. Avec l'été 2000, les fêtes de Pacs homo fleurissent, concurrençant sérieusement communions solennelles et mariages : petits événements sociologiques, elles mêlent amis hétéros et homos, les enfants en habits du dimanche, des folles, le beau-frère gendarme, des lesbiennes féministes et des amateurs footeux de l'Euro 2000. Il ya des absents, souvent. Les parents.
Le Pacs, texte mixte par excellence, a déplacé les frontières : des centaines de milliers d'hétérosexuels se sont engagés en faveur d'une loi qu'ils savaient d'abord libératrice pour les homosexuels. Est apparue depuis deux ans une planète intermédiaire : les gay friendly, ces hétéros qui se sentent concernés par les discriminations dont souffrent les homosexuels. Le 30 avril dernier, à Caen, quatre hétéros anonymes se sont déplacés lors de la cérémonie de commémoration de la déportation, pour soutenir les gays et les lesbiennes qui essayaient de déposer une gerbe. Ces quatre-là avaient été scandalisés par des propos ho