Du 7 au 15 avril, Salman Rushdie est retourné en Inde, son pays natal et sa principale source d'inspiration, où il n'était pas allé depuis douze ans et demi. C'était en 1987, pour réaliser un film documentaire sur le pays, juste avant la parution des Versets sataniques, le roman qui allait provoquer la plus dramatique affaire littéraire de cette fin de siècle : l'appel solennel à la mise à mort d'un écrivain pour blasphème, obligeant celui-ci à vivre dans la clandestinité, protégé en permanence par la police. En 1988, l'Inde fut d'ailleurs le premier pays à interdire le roman maudit, et c'est là qu'eurent lieu les premières manifestations hostiles organisées par les islamistes : autodafés, émeutes, cinq morts au Pakistan le 12 février 1989, deux jours avant l'édit mortel de l'ayatollah Khomeiny. Depuis, Salman Rushdie, qui est citoyen britannique, avait presque renoncé à l'Inde. Jusqu'à l'an dernier, quand il a reçu un visa des autorités indiennes. L'écrivain devait alors partir y tourner pour la BBC l'adaptation du roman qui le rendit célèbre il y a vingt ans, les Enfants de minuit. Mais des obstacles de toutes sortes ont fait capoter le projet, rendant plus improbable encore ce pèlerinage de retour. On comprend d'autant mieux l'émotion de l'écrivain au moment de s'envoler enfin pour l'Inde, accompagné de son fils Zafar. Emotion, appréhension, impatience et surtout volonté de fixer ces retrouvailles : ce sont ses carnets de route et ses photos de voyage que nous publions. C
Le rêve d'un retour glorieux
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publié le 27 juin 2000 à 1h53
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