Le téléphone sonne. La police de Delhi est extrêmement inquiète à cause de mon arrivée imminente. Pouvez-vous, s'il vous plaît, éviter de vous faire repérer dans l'avion ? Mon crâne chauve est facilement reconnaissable. Pouvez-vous, s'il vous plaît, porter un chapeau ? Mes yeux sont aussi faciles à identifier. Pouvez-vous, s'il vous plaît, porter des lunettes noires ? Oh, et ma barbe elle aussi peut me trahir. Pouvez-vous, s'il vous plaît, mettre une écharpe ? - Je fais remarquer qu'en Inde, la température approche les 40°. Une écharpe risque d'être un peu chaude. - Oh, mais il y a des écharpes en coton...
Vijay Shankardass, mon avocat indien d'habitude imperturbable, me répète ces demandes d'une voix implorante. Je lui propose, un peu énervé, de passer tout simplement la journée la tête dans un sac en papier. "Salman, me dit Vijay prudemment, il y a une énorme tension ici. Je suis moi-même très inquiet."
Les organisateurs du Prix des écrivains du Commonwealth, à l'invitation de qui je me rends à Delhi, envoient des messages contradictoires. M. Pavan Varma, un fonctionnaire, responsable pour l'événement des relations avec les médias, ignore toutes les demandes de discrétion et tient une conférence de presse pour dire que j'assisterai probablement au banquet du prix. A l'inverse, Colin Ball, responsable de la Commonwealth Foundation, dont c'est le prix, dit à Vijay que si la police ne protège pas également la vingtaine d'étrangers qui descendent au Claridge Hotel pour la cérémo