Cronje : je suis un escroc, en gros titres dans les journaux du matin. L'ancien demi-dieu du cricket a reconnu avoir des pieds d'argile : il a "été déloyal", il a touché de l'argent, et on vient de le chasser du poste de capitaine et de l'équipe nationale sud-africaine. Cela prouve que K.K. Paul et son équipe avaient entièrement et spectaculairement raison.
L'argent qu'a touché Cronje était dérisoire : simplement huit mille deux cents dollars américains. La réputation d'un homme ne vaut pas cher.
Mais en Afrique du Sud, le public, essentiellement blanc, qui aime le cricket (les Noirs sud-africains préfèrent le football), fait front derrière son Hansie bien-aimé. Redonnez-lui sa place dans l'équipe nationale, disent les sondages et les médias, qu'il reprenne sa batte. A Durban, une foule de Blancs agresse Sadha Govender, le président du programme de développement du cricket dans le Kwazulu-Natal. Il reçoit des gifles et des coups de pied. "Les Charros ont fait tomber Cronje", hurlent les Blancs. Govender est d'origine indienne. Les Charros sont les Indiens.
Dans les vestiaires - bien avant le scandale actuel - le surnom de Cronje était "Crime". Car le "Crime" ne paie pas. Il avait une réputation de pingre et, disait-on, il refusait de payer sa tournée. Aujourd'hui, alors que le gouvernement sud-africain s'apprête à accepter son extradition pour qu'il soit jugé en Inde et que ses avocats lui disent de s'attendre à une peine de prison, il doit commencer à trouver son surnom prophé