La musique et les chants d'un mandir, un temple hindou, dans des haut-parleurs, me réveillent à cinq heures. Je m'habille et je me promène autour de la maison, dans la lumière de l'aube. Avec ses toits roses et pentus, ses petites tourelles d'angle, elle est plus belle que dans mon souvenir, plus belle que sur les photos de Vijay, et la vue est aussi étonnante que promis. On éprouve un sentiment étrange à se promener autour d'une maison dont on ne sait pas que, d'une certaine façon, c'est la sienne. Il nous faut du temps pour nous habituer l'un à l'autre, la maison et moi, mais quand tout le monde est réveillé, elle est bien à moi.
Nous passons presque toute la journée à flemmarder dans la maison, assis dans le jardin à l'ombre des vieux conifères, et nous mangeons les oeufs préparés par Vijay. Je sais maintenant que le voyage en valait la peine : je le sais à l'expression du visage de Zafar.
Dans l'après-midi, nous faisons une excursion dans la ville voisine, l'ancienne capitale d'été des Britanniques. Ils l'appelaient Simla, mais elle est redevenue Shimla maintenant qu'ils sont partis. Vijay me montre le tribunal où il s'est battu pour Villa Anis, et nous allons également dans l'ancienne Viceregal Lodge (résidence d'été de l'ancien vice-roi des Indes), un énorme entassement de bâtiments anciens où s'est tenue la conférence décisive de Simla avant l'indépendance, en 1945, et qui abrite maintenant un centre de recherche, l'Institut indien d'études avancées. Les bâtiments sont