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Libération

NON. «Un nouvel avenir pour les territoires»

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La numérisation de la mémoire est-elle une menace pour le savoir de l'humanité?
par Bernard Stiegler
publié le 22 juillet 2000 à 2h29

Le problème n'est déjà plus celui de la capacité de stockage de la mémoire, ni même de savoir si les contenus peuvent être archivés pour l'éternité. L'enjeu, aujourd'hui, c'est la reconstitution du territoire via un archivage géoréférencé, non seulement du passé patrimonial mais aussi du présent qui vient l'alimenter. La capacité à se mettre en images devient stratégique. Avec le développement des objets nomades (téléphones portables, GPS, etc.), le maillage du territoire, les satellites et les aides à la navigation, c'est le patrimoine au sens large du terme (agricole, culturel, géographique, touristique, etc.) qui se re-territorialise sur le Web. Le territoire est un support de mémoire, d'information et d'orientation au même titre que le sont les espaces dits «virtuels» issus de la numérisation. Ces deux formes d'espaces ne s'opposent pas. L'espace «virtuel» comme l'espace «réel» ont aujourd'hui besoin l'un de l'autre pour s'actualiser.

Internet sera de plus en plus un dispositif d'accès à une nouvelle cartographie des territoires: les années à venir verront le bouleversement des systèmes de navigation simultanément sur la Toile et dans les territoires réels. La généralisation des mobiles et des infrastructures d'émission d'information localisées permet la naissance d'une «deuxième génération» des techniques numériques de navigation: celle de la géo-information. Cette numérisation de l'espace concerne à la fois les systèmes de navigation dans les données ­ où sont intégrées