Menu
Libération

Esbroufe

Article réservé aux abonnés
par Yvan AMAR
publié le 24 juillet 2000 à 2h31

Soleil, beaux jours, vacances... voilà qu'aisément, on se retrouve là où l'on vient de loin, là où fatalement, on a beau mentir. Et cette saison de la frime ne s'exprime pas partout de la même façon: d'un continent à l'autre, ce n'est pas avec les mêmes images que s'exprime l'esbroufe, cette parade animalière qui consiste à l'origine à s'ébrouer pour attirer l'attention, à hennir sans raison apparente (jadis, seuls les chevaux s'esbroufaient), ou que se dit l'épate qui revient à aplatir autrui par la seule affirmation de sa propre importance.

Et quitte à faire son intéressant, autant «dallasser»: JR a la vie dure et de beaux jours à vivre hors du Texas. Mais il a bien des rivaux aussi: en Afrique, quand on ne dallasse pas, on «fait le faro», (bien mieux que le faraud évidemment, et plus moderne que le fanfaron, dont il ne dérive pas, quoique en cherchant bien...). Faro est un mot de sapeur, de petit malin bien fringué qui n'a pas peur de se faire voir. Mais si on préfère se cacher derrière sa séduction, on «fait le vent» (on remue beaucoup d'air). Ou encore, on «lance le brouillard», variante floue du précédent qui évoque cette opacité complice, nécessaire pour en mettre plein la vue; plus c'est vague, plus ça fera d'effet. Et si on pense en imposer davantage par l'oreille que par l'oeil, c'est possible aussi: bruyant, m'as-tu-vu, un peu matamore, on «fait le boucan». Plus insidieux, plus hypnotique, on «fait le ronron»... Jusqu'à la manière de parler qui assure son petit eff