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Libération

Jack Witt. L'été américain de Keith Carter (2/6)

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D'après photo
publié le 1er août 2000 à 3h07

Je ne sais rien de Jack Witt. J'ignorais même qu'il existât jusqu'à ces derniers jours où l'on me mit cette photo sous les yeux. Voilà, je n'en sais pas plus que vous. Je sais seulement qu'un jour d'été 1995, sa vie croisa celle de Keith Carter, que pour des raisons que j'ignore il voulut bien qu'on le photographiât.

On voit bien qu'il ne pose pas sous la contrainte. On voit bien qu'il pose.

On ne sait pas si la séance a été organisée, mise en scène par le photographe, ou si la posture de Jack Witt est spontanée, ou plutôt si c'est lui qui l'a choisie. Oui, il l'a choisie, on voit dans sa main droite la sûreté d'un geste, d'un geste qu'il fait même quand le photographe n'est pas là. Sa main protège, elle ne retient pas, les animaux font l'oeil rond au photographe, pas à Jack Witt.

On devine que cette main-là a tout fait, qu'elle a débité les planches de la bicoque, hissé la poutre maîtresse haut et fort, tendu la toile, monté les tôles ondulées sur les voliges, les a clouées sur la crête, pas dans les creux, elle sait faire, que, sans les rhumatismes, elle aurait égalisé les chevrons. C'est elle aussi qui a construit la barrière avec du plancher de récupération, voyez la lame de gauche: elle est bouvetée. Elle qui l'a peinte, la barrière a été peinte, la tête des clous

est blanche. La main droite ou la main gauche, après tout on ne sait pas, on ne la voit pas, on devine qu'elle assure pour le jeune daim en retrait la même caresse que l'autre. Sont-ce des daims?

La casquette pench