C'est étrange cette façon dont surgissent les idiomes aux beaux jours. La saison dernière, nous utilisions tous l'inattendu «c'est bath» pour marquer notre joie et notre entrain. Il succédait élégamment au: «Cette meuf, elle est sensass'», qui saluait convenablement l'été 98, et les rebonds sentimentaux y afférant.
Mais alors pourquoi cet été les expressions en vogue tournent-elles autour du mythe ferroviaire? Difficile à dire, explique un neveu linguiste qui, comme ses pairs, est à la fois distingué et sans cesse en retard sur l'évolution des dialectes modernes. Ainsi, ce jugement catégorique: «Ce gars-là, c'est de la bête humaine», qu'on entendait beaucoup début juillet dans la bouche des filles et qui, par les mystères de l'accélérateur sémantique, est devenu «c'est d'la teubé mainehu», puis, depuis deux jours, «d'la teub'maine», avec cet étonnant sens de l'apocope qui nous vient de chez les Verlanais. D'ailleurs, ces mêmes disent aussi avec raison: «T'as lu le dernier Laz'?», pour montrer qu'ils ont des lettres et que le patronyme de l'auteur de J'accuse est toujours sécable, quoique indémodable.
L'autre innovation remarquable, c'est le désormais fort usité «mais, il est rond comme un rail», clin d'oeil sans doute à la quadrature du réseau et dont la version féminisée justifierait l'emploi, sur une ligne plus droite qui va du Grau-du-Roi à Bray-Dunes, du délicat: «Cette gueuse-là, au pieu, c'est le cheval de fer.» Quant à la très nécessaire locution: «A mon avis, elle risq