On est juillettiste ou on est aoûtien, c'est ainsi de tout été, de toute éternité. Et on le reste, même si les séjours se tronçonnent et si les demi-pensions ne réservent plus leur rond de serviette du 1er au 31. Juillet-août, c'est un débat de fond plus qu'un débat de saison, c'est un affrontement genre Anquetil (juillet, car premier et élégant) contre Poulidor (août, car second, popu et sympa) ou Chirac (précoce, pressé) contre Jospin (réflexif, arbitral). En tout cas, les juillettistes ne cessent d'arborer un petit air d'émancipé, une satisfaction de découvreur et un quasi-complexe de supériorité. Cette peuplade éclairée se flatte d'être assez cultivée, assez moderne, pour partir en villégiature avant la horde des congés payés. Ça lui convient, à cette avant-garde estivale, de bronzer par anticipation, de se reposer à crédit et de revenir aux affaires dans les villes désertées. Et dans cet empressement se devine comme une anxiété, une peur qu'on les oublie, qu'on les remplace, s'ils ne sont pas sur le qui-vive dès que la rentrée se profile, dès que la Vierge Marie s'est fait satelliser.
Les aoûtiens, eux, sont plus lézards, plus peinards. Ils aiment garder le meilleur pour la fin et manger la poire après le fromage. Juillet, c'est les moissons, le blé dont on fait les flûtes, la nécessité qui fait ventre. Quand août rapproche des vendanges, du vin de l'an neuf, qui réjouit et qui grise, qui fait perdre la tête et dormir tout son soûl.
Les aoûtiens sont en retard. En juillet