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Libération

Watermelons. L'été américain, de Keith Carter (3/6)

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D'après photo
publié le 2 août 2000 à 3h09

Les watermelons, les melons d'eau, sont des pastèques. Le mot pastèque vient de l'arabe baticha, via le portugais pateca, mais peu importe puisque ces deux-là, ces enfants aux mains d'homme et à la tête de coucourde, sont américains et que leur pose nous entraîne vers Corfou, où pastèque, en grec, se dit karpoutsi.

L'île de Corfou a deux saints patrons, saint Spyridon, qui se lève la nuit pour user ses pantoufles, et sainte Théodora, sa complice, qui sort de sa cathédrale une fois l'an, une pastèque en place de tête, car Théodora est une sainte décapitée qui a la pastèque sur les épaules.

Ni Théodora ni Spyridon ne sont corfiotes. On sait beaucoup de choses de la vie de Spyridon (270-358), surtout de sa vie posthume, encore très active aujourd'hui, cent ans après sa mort il respirait encore, il perdit son bras droit en croisade en 1204, à près de 1 000 ans (après bien des péripéties, le bras lui fut rendu en 1984), et en 1716 il repoussa l'envahisseur turc et fit de Corfou le seul territoire grec à n'être pas occupé. On raconta tout cela dans Libération le 12 juin 1989. De Théodora, on ne dit rien. On sait qu'elle combattit aux côtés de Spyridon, mais, vu la longévité posthume du garçon, c'est une maigre indication de date. On sait que son père furieux d'apprendre qu'elle s'était convertie à la religion chrétienne lui coupa la tête.

C'est donc un corps de sainte décapitée qui repose dans une châsse en argent dans la cathédrale qui lui est consacrée sur les quais de la ville de