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Libération

Garlic . L'été américain de Keith Carter (5/6)

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D'après photo
publié le 4 août 2000 à 3h12

Garlic, ail. L'ail, c'est Jeannot qui m'a appris ça, lui-même le tenait probablement du pauvre Simon, l'ail n'a pas son pareil pour faire adhérer les poignées aux guidons des vélos, prenez une tête d'ail, séparez un caïeu, épluchez-le, incisez-le à la pointe du couteau pour le faire suer, badigeonnez abondamment le fer nu du guidon en tenant le caïeu entre le pouce et l'index, comme une craie, cela doit poisser un peu, ajustez le manchon de caoutchouc, à force. Et voilà le travail. A la fin de l'opération, on peut se laver le pouce et l'index, c'est selon, mais à Valeilles personne ne craint l'ail. Mélangé à de la colle de farine, il est capable de réparer de la porcelaine.

On peut également l'utiliser en cuisine: en Orient, il est séché et pulvérisé comme du poivre. Dans l'antiquité, les Grecs l'avait en horreur, au point qu'il était défendu à ceux qui en avaient mangé d'entrer dans le temple de Cybèle, déesse pourtant pas bégueule puisqu'elle tomba amoureuse d'un berger phrygien nommé Attis qui finit par se trancher les testicules. Cybèle le changea en pin, chacun ses goûts.

Le mot ail est un mot sans histoire, il vient du latin alium. Sa seule fantaisie est son pluriel, aulx dans le commerce (ce pluriel s'écrit plus qu'il ne se prononce) et ails en botanique. Il est le seul à avoir cet «l» avant le «x», mais d'autres mots en «ail» ont deux pluriels: travaux, bien sûr, et travails, lorsqu'il s'agit de l'établi d'un maréchal-ferrant qui en aurait plusieurs, émaux et émails, l