C'est l'un des jeux les plus sauvages du monde. Il vient du fond des âges et des steppes. On l'appelle le bozkashi, ce qui signifie à peu près «l'attrappe-chèvre». A sa manière, il rend compte de ce qui se passe en Afghanistan, de la guerre féroce que s'y livrent les différentes factions islamistes depuis 1992, l'année où le tyran rouge Najbullah fut contraint de quitter le pouvoir. Ce pouvoir, aujourd'hui, est à l'image de cette chèvre, une proie et rien de plus, dont réussira à s'emparer soit le plus rusé des joueurs, soit celui qui est le plus prêt à tout. Peu de règles, donc dans ce jeu qui ne ressemble à aucun autre. Certes, c'est une pratique équestre. Certes encore, le bozkashi évoque un peu le polo mais d'un genre très particulier, que l'on dirait mâtiné de rugby puisque les cavaliers, appelés tchopendoz, n'hésitent pas à se désarçonner. On n'y joue que l'hiver.
Cavalcades et coups pourris. Le règlement est simple. Deux équipes s'affrontent à cheval. Chaque cavalier, sans descendre de sa monture, doit chercher à s'emparer de la carcasse d'une chèvre, ou d'un bouc, qui se trouve au centre d'un cercle. L'animal est sans tête, ce qui rend l'exploit encore plus difficile. Il doit ensuite la jeter dans un autre cercle réservé à son équipe. Entre ces deux points, des cavalcades furieuses, des bagarres à cheval, des coups pourris. Même si, au fil des années, les autorités se sont employées à codifier le bozkashi pour le policer un peu, il demeure une extrême rudesse. Il n'es