Ce fut un grand ami de Valery Larbaud. Or on redécouvre aujourd'hui en France l'oeuvre de ce dernier et, dans son sillage, tout un pan de l'histoire littéraire européenne reparaît. Ceux qui en revanche connaissent depuis longtemps Ramón Gómez de la Serna l'appellent Ramón, comme un ami. Il faut dire qu'il avait inventé le «ramonisme», une forme de dandysme à usage unique, et s'était transformé en un de ses personnages. «Lorenzo, tous les soirs, se retrouvait face aux huit statues d'hommes nus qui ornent le portail du jardin public»: Lorenzo, touriste espagnol à Naples, est un de ces hommes nus. Amoureux à la cantonade, il rencontre la belle Lucia. Il doit bientôt l'épouser pour satisfaire les parents de celle-ci. Mais entre-temps, il s'est dépris d'elle. Poète de la divagation, naviguant à vue, par petites touches, comme un ressac du temps perdu (il procède par brefs paragraphes, chaque début de chapitre semble nous ramener au précédent), Ramón Gómez de la Serna (1888-1963) donne avec cette Femme d'ambre une sorte de Nadja à Naples, un livre-promenade où le Vésuve est un «sein adorable» et où le jour tombe à «l'heure où les côtes vont à la rencontre de la mer». Mais la nudité de Lorenzo allie aussi le désir à la mort dans une tragédie languide: «Mourir dans la ville qui pense le plus à la mort, qui crée entre elle et la vie le plus violent contraste, devenait alors plus normal. Il était merveilleux de se soumettre au désespoir comme à l'allégresse de vivre les jours heureux.
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