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Libération

La stratégie : «Empêcher la guerre en maîtrisant les belligérants»

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Comment interviendra l'armée sur les champs de bataille du futur?
par Loup FRANCART
publié le 5 août 2000 à 3h13

Depuis dix ans, les démocraties occidentales utilisent leurs forces armées pour empêcher la guerre et limiter la violence. Les opérations se succèdent dans des conflits dont les caractéristiques sont bien différentes de ceux du XXe siècle. Il ne s'agit plus pour nos armées de défendre le sol de la nation, mais d'assurer la sécurité dans des zones de crise, d'empêcher l'extension de conflits meurtriers et de protéger les populations victimes de belligérants prêts à tout pour atteindre leurs ambitions politiques. Ce fut le cas au Rwanda, en Somalie, en Bosnie, au Timor, etc.

Ces engagements remettent en cause la vision habituelle de l'emploi de la force militaire. Conçues et organisées pour faire la guerre, les armées doivent inventer leur façon de faire dans ce nouveau rôle. Elles n'ont plus d'ennemis sur le théâtre d'opération, mais doivent maîtriser des belligérants sans entrer en guerre avec eux. Leur seule présence sur le terrain ne suffit pas à ramener la sécurité. L'emploi de la force physique reste nécessaire, mais celle-ci doit être précise, limitée en intensité dans le temps et dans l'espace, appliquée de manière impartiale à ceux des belligérants qui contreviennent aux termes du mandat confié par la communauté internationale. Les savoir-faire deviennent plus complexes: négociation permanente avec tous les acteurs actifs ou passifs du conflit, participation au retour à une vie publique et privée quasi normale, rétablissement de l'ordre public, sécurité des populations