Certains spécialistes affirment que le poulpe est un céphalopode hautain et velléitaire. Probable. Mais c'est aussi un charmant garçon qui sait se laisser manger à condition de l'attraper. Car non seulement son art du camouflage s'est affiné au fil des années, mais surtout il a tendance à disparaître de nos régions. Triste réalité: le «poufre de roc», soit le poulpe du rocher dans ce dialecte musical emprunté aux environs de l'étang de Thau, où l'huître est toujours fraîche et la moule parfois farcie, le poulpe de roc donc joue les filles de l'air...
Au grand désappointement des tenants de cette magnifique échoppe sétoise qui, depuis des décennies, fabriquent une sublime pâtisserie de la mer qui a pour nom «Tielle». Et dont la recette se transmet depuis Adrienne Virduci, la grand-mère maternelle, suivie par «tata Raymonde, la reine des mers» jusqu'aux enfants Dassé, dynastes qui font ensemble perdurer la légende.
Pas facile pourtant. Le poufre se fait donc rare, mais il faut aussi continuer à le «basseler». Expression locale qui laisse entendre que la bête étant duraille, il fallait jadis l'amollir en la frappant longuement et vertement contre une surface dure. Ensuite alors, on pouvait fourrer le céphalopode dans un faitout. Aujourd'hui, un peu grâce aux Dassé, les progrès des technologies ont permis la création de fours savants qui, en cours de cuisson, attendrissent les chairs gouttues de notre ami à grosse tête. Ainsi se gagne le temps.
Heureusement, car on ne connaît pas d