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Libération

Sirocco : L'été grec de Gladys (3/6)

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D'après photo
publié le 9 août 2000 à 3h18

Ainsi, donc, il y a un café Sirocco, à Milo. Comme dans beaucoup de tavernes des Cyclades, les nappes en papier portent le nom de l'établissement et la carte de l'île à l'encre bleu ciel. Mais le sirocco est un vent marocain, il ne souffle guère en mer Egée où l'on préfère nommer les vents par leur force : le kapellatos, celui qui emporte les chapeaux, le kariklatos qui déplace les chaises et le trapezatos qui soulève les tables. Dans les Cyclades, le vent du nord est le meltémi, il souffle l'été d'une telle force qu'on prétend que ces îles porte ce nom de Cyclades, «en cercle», parce que le vent y contraint les bateaux à tourner en rond. En grec, le vent se dit anémos, il emporte les âmes.

Milo, au sud-ouest des Cyclades, se referme en arc autour du golfe d'Adanas, le cratère d'un ancien volcan. On y cultive l'obsidienne et le touriste. Là-bas comme ailleurs, l'agriculture manque de bras. La Vénus aussi. Découverte en 1820, la Vénus de Milo se repose au Louvre, mal abritée des regards indiscrets. La Vénus de Milo ne porte pas de soutien-gorge où accrocher ses lunettes de soleil, ses yeux sont éteints, non, ce n'est pas elle. D'ailleurs Vénus n'est même pas grecque, elle est latine, copie d'Aphrodite, toutes deux déesses de l'amour, mais il n'est pas rare que l'on traite de Vénus les statues d'Aphrodite.

Le mot de Vénus (le mont de Vénus, c'est autre chose) a fait beaucoup de petits dans la langue française, des bons et des méchants : vendredi, vénérer, vénérien, véniel, venin