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Série

Fils Serial Killer A la faveur de la nuit

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Sur le principe du jeu des 7 familles, les éditions Baleine ont proposé à 42 auteurs d'écrire une nouvelle. Nous en publions une par jour.
par Gilles VIDAL
publié le 11 août 2000 à 3h22

Martin se disait que cette petite garce n'avait eu que ce qu'elle méritait. Déjà, dès le début de la fellation, il avait senti sa surprise lorsque ses lèvres s'étaient posées en corolle, puis, à peine plus loin ­ il en était sûr, persuadé ­, il y avait eu son rire étouffé, des sortes de gloussements odieux qui lui avaient griffé le peu d'amour-propre qu'il détenait encore. Il avait su qu'elle l'avait trouvée de taille modeste, voire carrément petite, minuscule, et il n'avait pas supporté cette humiliation.

De toute façon, chaque fois, c'était pareil. Pourtant, un jour, il y en avait une qui avait eu le temps de lui dire qu'elle était tout à fait normale, avant qu'il lui fasse rentrer définitivement ses mots dans la gorge, en la serrant jusqu'à plus soif. Car c'était du vent, des foutaises: il ne croyait pas les femmes, c'étaient toutes des menteuses. Son père, jusqu'à sa mort, n'avait pas arrêté de le lui dire, citant volontiers Courteline: «Les femmes sont tellement menteuses qu'on ne peut même pas croire le contraire de ce qu'elles disent.»

Oui mais... néanmoins, son père, lui, en avait une grosse, énorme même...

Martin était maintenant remonté dans sa voiture et il pleurait, la tête ballottant sur sa poitrine, tout en se frictionnant les mains. Ces putains de sales mains qui avaient trop étreint ce cou si fragile, jusqu'à le broyer, et puis ces dents à elle, la salope, qui l'avaient mordillé de part en part dans un dernier sursaut de survie, et son cri de douleur à lui mêlé