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Libération

Holga la chèvre : L'été grec de Gladys (5/6)

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D'après photo
publié le 11 août 2000 à 3h22

A Ouranoupolis, il est une des frontières intérieures les mieux gardées de l'Europe, elle sépare la Grèce de la Grèce, la route s'arrête sur un grillage que personne ne peut franchir, et surtout pas les chèvres. Ni les vaches, ni les juments, ni les truies. Ni les femmes. Pour continuer, il faut prendre un bateau et prouver sa virilité. Ouranoupolis, «la ville du ciel», à l'ouest et Iérissos, «le lieu sacré», à l'est, les bien nommés, sont les portes fermées du mont Athos, 400 km2 de terre grecque qui échappent à la loi grecque et dépendent du patriarche de Constantinople, le mont Athos, Aghios Oros, en grec, «la Montagne sainte».

Le mont Athos est partagé en vingt monastères millénaires qui ont rédigé en 1924 une charte commune de 188 articles dont l'antépénultième dit ceci: «L'entrée des femelles est interdite en accord avec la coutume, et ce, depuis toujours.» Seules quelques poules sont tolérées: le jaune d'oeuf entre dans la composition des couleurs traditionnelles des icônes. Les moines disent que la Vierge Marie a exigé d'être la seule reine en son jardin, mais la loi a bien du mal à s'appliquer au règne végétal, aux insectes et à la petite faune sauvage. Toute contrevenante est passible de deux mois à un an de prison, mais, de mémoire de cénobite, aucune tentative n'a été repérée par la police. Le commissariat de police de Kariès, la capitale de la presqu'île, lors de ma dernière visite, affichait le portrait d'une belle jeune fille disparue. En 1989, une femme et ses