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Libération

Le pique-nique.

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publié le 11 août 2000 à 3h22

Poulet froid, chips, tomates cerises. Les standards du pique-nique ne sont pas cités parmi les plats préférés des Français. Ni par les 15-19 ans qui jouent groupé: 1) steak-frites; 2) couscous; 3) hamburger. Ni par les plus de 60 ans qui donnent dans l'ordre: 1) pot-au-feu; 2) gigot; 3) blanquette de veau. On pourrait en conclure que «picorer des petites choses sans valeur» (Larousse dixit) a plutôt les faveurs des adultes et des enfants, quand les ados resto-rapide et que les seniors préfèrent mettre les pieds sous la table et le cul sur la chaise. Pas si sûr, car le succès pluvieux de l'Incroyable Pique-nique du 14 Juillet indique que, toutes générations confondues, les individualistes reclus aiment la convivialité à ciel ouvert, que les tout confort moderne sont ravis de la bonne franquette austère du dehors et que les vieux peuples à la trop lourde histoire veulent réapprendre la géographie et se réapproprier l'espace.

Donc, POUR le pique-nique. Pour les paniers d'osier qui valsent comme les jupes des filles. Pour l'odeur du melon. Pour le muscadet, qui fraîchit dans la rivière. Pour les nappes que les enfants foulent au pied, car tout est sens dessus dessous: le dessert avant l'entrée, les serviettes à carreaux nouées sur les crânes chauffés, et ceux qui s'assoupissent déjà la tête sur les genoux de ceux qui ont encore un petit creux. Moment déstructuré à l'hygiénisme minimal. Orgie de mélanges, déboutonnage des manières comme des corsages, ludisme des assemblages et des