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Libération

Papotages

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publié le 14 août 2000 à 3h24

Un bruit qui court, quel bruit fait-il? Tout dépend du pays, tout dépend du terrain, et la rumeur bruisse différemment selon le lieu où elle vibrionne et le milieu qui la propage. Mais le bouche à oreille a toujours la coquetterie de se travestir sous les oripeaux de la technique qu'il quimpe. La radio, média du chuchotement et de la confidence, remplit souvent cet office. Et les on-dit circulent sur Radio Trottoir Radio Couloir ou Radio Cancan. On se branchera, à Abidjan sur RadioTreichville ­ c'est le nom d'un quartier populaire de la ville, qui a son homologue à Dakar avec Radio Sicap. Si on veut en ajouter dans la couleur locale, ce sera Radio Sicap Baobab, alors que Radio Baobab tout court vous a un côté moins urbain, soeur massive de Radio Bambou, et cousine de Radio Tam-Tam. Attention au tam-tam parleur: il n'a rien de métaphorique: c'est ce grand tambour qui transmet à plusieurs kilomètres de distance des messages tambourinés et codés selon les systèmes d'intonation de diverses langues africaines. Le téléphone de brousse,nous ramène au papotage mais nous change d'appareil: on a abandonné le sans-fil de masse pour une communication plus individuelle et plus bricolée.

Et c'est ainsi qu'en remontant à l'envers la chaîne des inventions on en revient à la gazette, cette pie voleuse qui fait chanter les nouvelles. Car la gazette, qui fut un journal avant d'être un commérage, fut une pie avant d'être un journal. L'oiseau symbolique et bavard (la gazza ladra) estampilla un pe