D'accord, d'accord. On sait les bonheurs de la nage d'été, activité de grand air et de pleine mer. S'asperger la nuque en chat craintif, rentrer le ventre quand ça vous saisit aux tripes, s'y jeter. Brasser vigoureusement le temps de se fondre dans l'élément, régler sa respiration, cracher salé, s'adapter à ce nouveau milieu. Et puis un crawl à la Johnny Weismuller, Tarzan aspergeur d'alligators, un 100 m dos pour se souvenir de Kiki Caron, la Bardot des piscines, ou évoquer Franzeska Van Almsick, la Lolita berlinoise, sans oublier une nage à l'indienne comme ma grand-mère. Et aussi devenir marsouin surfeur dans les rouleaux de la Côte basque, copain de Flipper le dauphin évadé des Marineland à touristes pour aider les capitaines perdus à éviter les récifs. Et surtout se rêver clone de Jacques Maillol, perdu dans la mystique du Grand Bleu, réintégrant la matrice originelle.
Sauf que nager, on est CONTRE. Il y entre sûrement une rancune d'adulte se remémorant en frissonnant et en reniflant le rituel des bains bretons. Congélation annoncée, brasses d'épileptique pour lutter contre le saisissement, menterie éhontée du genre : «Elle est bonne quand on est dedans», et sortie en accéléré avec ébrouement façon Terre-Neuve avant friction sans effet. Puis, lèvres violettes, nez qui coule, et satisfaction de la folie pensum accomplie. Les bravades de ce temps-là étaient de s'y tremper dès les jonquilles pour ne cesser qu'aux marrons grillés. Sans oublier, un premier de l'an de Frigodém