Je ne vois pas d'impact de la foi sur les sociétés autrement que par le fait qu'il y ait des juifs, des chrétiens, des musulmans, des bouddhistes... des individus qui témoignent de leur foi, de leur sagesse ou de leur conviction là où ils sont. En ce sens, moins en «parlant» qu'en «étant». La démocratie chrétienne, l'Etat juif, les républiques islamiques, hindouistes, bouddhistes, c'est terminé. Cela ne signifie pas que les religions ne doivent pas avoir d'institutions. Le problème des institutions, religieuses et autres (mais c'est pire dans les institutions religieuses en raison même de leur prétention à faire le bien), c'est qu'elles se corrompent ou qu'elles ne répondent plus du tout à ce pour quoi elles ont été créées.
Dans des sociétés où existent des institutions immenses, nationales et transnationales, le rêve classique des spirituels ou des mystiques de vivre sans institutions ou en dehors n'a guère de sens. Les institutions assurent une histoire et une forme de résistance qui continue après la mort des individus. Elles assurent un rôle essentiel de transition ou de transmission entre générations. C'est à cela qu'elles servent avant tout. L'héroïsme des individus ne dure qu'un temps très court ; les institutions permettent de le perpétuer. Cela dit, les institutions religieuses sont affaiblies aujourd'hui et leur rôle, limité. Je pense à un mot de Tocqueville qui dit que, pendant plus d'un millénaire, le christianisme a dormi à côté de l'esclavage, l'a toléré sans le