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Libération
Critique

La femme naturelle

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publié le 22 août 2000 à 3h36

Choderlos de Laclos

Des femmes et de leur éducation

Mille et une nuits, 96 pp., 10 F.

La question qui préoccupe l'auteur des Liaisons dangeureuses dans ce recueil de trois textes écrits entre 1783 et 1802, c'est de savoir si l'on peut améliorer l'éducation des femmes. Son argumentation est simple, pour ne pas dire brutale. A l'origine compagne de l'homme et son égal, la femme en société est devenue son esclave. En bon admirateur de Rousseau, Laclos sait que la «femme naturelle» est indépendante parce que ses besoins n'excèdent pas ses moyens; c'est ainsi qu'elle connaît le bonheur. Mais la femme civilisée n'est que l'ombre de la femme naturelle. Dégradée par une longue habitude de servilité, elle préfère désormais les vices de la séduction et de la soumission aux vertus plus difficiles de l'honneur et de la liberté. La conclusion est donc sans appel: «Il n'est aucun moyen de perfectionner l'éducation des femmes.» Puisque aucun secours n'est bien sûr à attendre des hommes, «auteurs de tous ces maux», il ne reste qu'une solution pour sortir de cette esclavage: la révolution. Mais Laclos n'y croit guère. L'égalité des sexes qu'il souhaite n'est pas envisageable et il se contente dès lors de donner des conseils aux femmes. Un peu d'optimisme éclaire pourtant son dernier texte, écrit à l'âge de la vieillesse. Il y établit la liste des lectures nécessaires à l'instruction des femmes, afin de les rendre plus séduisantes encore dans leur vie mondaine mais aussi plus lucides. Faut-il vo