Oh, les beaux jours! Ils se terminent, bientôt l'été 2000 sera refermé et c'est encore Madeleine Renaud qui apparaît, en creux sur une image, des journées entières dans les arbres. Elle nous a rendu visite par deux fois dans ces pages, quand des images imposées nous proposèrent des enfants ensablés. Des journées entières dans les arbres, c'est un titre qui plut assez à Marguerite Duras pour qu'elle en use à trois reprises, en 1954 d'abord, dans un récit dialogué qui parut chez Gallimard, elle avait 40 ans, vingt ans plus tard elle en fit une pièce de théâtre, puis un film.
Ce pourrait être un jeu de vacances, deux jeunes gens se cachent dans ce paysage, saurez-vous les découvrir? Une jeune fille, à droite, en jupe et chaussures blanches, corsage bleu, épaules nues, lit. Elle est bronzée et prend curieusement la lumière dans le sombre des branches basses de l'arbre. Le jeune homme, en surplomb de la mer, est assis sur une branche éclairée, et on ne le voit pas: il faut le voir pour le voir, si on le quitte des yeux, il disparaît. Il porte des pantalons courts, une chemise blanche, lit. Le rocher dans la mer se prend pour son ombre portée. Ils pourraient s'appeler Marcelle et Jacques, comme dans le livre de Duras, la mère de Jacques serait repartie. Ils se résignent enfin à l'enfance, à passer des journées entières dans les arbres.
La mère est riche et lasse, «éperdue de vieillesse», elle dirige une usine de quatre-vingts ouvriers, elle porte sur elle ses dix-sept bijoux d'or po