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Libération

Tout éteindre

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publié le 25 août 2000 à 3h42

La tendance fut à la flambe, sur les littoraux. Indéniablement. Des hectares de maquis ici, partis en fumette, des centimètres carrés de peau là, carbonisés à l'huile de vierge, de colossales sommes d'argent, jetées par la fenêtre pour tenter de séduire les passantes au sourire narquois. L'être humain, la nature, le neveu du bandit-manchot ont voulu faire les malins chaque jour de juillet et pareil d'août. Se dépenser sans compter. Ce n'est pas nouveau: ainsi passent les saisons chaudes. Lourdes de sens et d'hygrométrie; pleines de religiosité lorsqu'on a visité, avec oncles ou cousins, les monastères plein de vieux JMJ déjà sur le retour, trogne rougie-chapelet patiné; vivaces lorsqu'on a foulé ensemble le lino des discos, en glissant sur la mince couche de transpiration; et surtout décalées lorsque, sur des galets tièdes comme une peau d'ourse, on a attendu en vain que le soleil se couche avant de dîner.

Il vient pourtant un temps où la flamme doit s'éteindre. Où les degrés atteints par la température de l'homme sont ramenés à de plus justes proportions, où l'ordre est donné de revenir à la réalité, celle qui nous ramène fissa au boulot. Un été ­ qui fut mitigé, selon les experts ­ se termine. Et, au moment de refermer les volets, tous les branchés-tendancieux doivent absolument faire appel à ces gros porteurs d'eau qui se ravitaillent au-dessus des vagues. Avant de déverser leur rancoeur sur les foyers qui rougeoient toujours. Ultime clin d'oeil à la modernité des comporte