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Les locaux: «Ils risquent de devenir des sanctuaires»

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Les parcs resteront-ils la formule la plus adaptée pour défendre des sites exceptionnels?
par Patrice ABEILLE et Camille CHEDAL-ANGLAY
publié le 26 août 2000 à 3h43

La France a créé en Vanoise son premier parc national, en 1963. Les Etats-Unis avaient commencé dès 1882, avec le Yellowstone, dans l'Etat du Wyoming. Sur l'immensité des territoires américains, les parcs n'ont pu s'établir qu'après la confiscation des terres des Indiens, ceux-ci ayant été copieusement massacrés, puis parqués dans des réserves et abrutis d'alcool. Il en est allé différemment dans l'exiguïté de nos Alpes, mais il arrive à nos montagnards de se sentir un peu «indiens».

Le parc de la Vanoise a été défini comme «le grand jardin des Français», mais il a été tracé chez les Savoisiens ; or cette montagne était cultivée par l'homme depuis des siècles, sans dommage pour la biodiversité. Qu'aurait-on dit d'un «grand jardin des Savoisiens» en forêt de Fontainebleau ?

Les agriculteurs de montagne, propriétaires des alpages, se sentent spoliés, brimés, humiliés. Les moindres travaux sur leurs terres sont soumis à des autorisations qui mettent des mois à arriver et, quand elles arrivent, la neige est déjà là... On leur interdit de ramasser des pierres de construction. On leur interdit de relever des ruines, car il s'agirait de «ruines authentiques» à préserver comme telles ! Le Parc, lui, faisait encore récemment réaliser des travaux sur des parcelles privées sans demander l'avis des propriétaires. Des refuges ont été construits, puis agrandis et rénovés, pour héberger les randonneurs, alors que toute extension de bergerie demeure interdite. Un garde a même pu verbaliser un