Diffusé de façon confidentielle pour la première fois en 1988, ce texte est connu sous le nom de «Manifeste crypto-anarchiste». Douze ans plus tard, cette vision délirante d'un futur d'anonymat généralisé devient d'actualité. Et sert d'étendard aux plus douteux des adversaires de toute régulation.
L'informatique est à la veille de permettre aux individus et aux groupes de communiquer et d'entretenir des relations dans l'anonymat le plus total. Deux personnes physiques ou morales pourront échanger des messages, faire des affaires et négocier des contrats électroniques sans qu'aucune n'apprenne jamais le véritable nom, ou la véritable raison sociale, de l'autre. Certaines procédures réacheminement des paquets de données chiffrées, par exemple et certains matériels, comme les boîtiers inviolables assurant codage et décodage des données avec une efficacité quasi totale contre les curieux, empêcheront de suivre à la trace les contacts tissés sur les réseaux. La notion de réputation va alors acquérir une importance essentielle. Dans les opérations commerciales, elle prendra largement le pas sur tout le reste, y compris sur les notes de solvabilité décernées par les agences de notation financières d'aujourd'hui.
Ces évolutions vont modifier du tout au tout la nature de l'activité réglementaire, l'aptitude de l'Etat à taxer et à contrôler la vie économique, la capacité à préserver la confidentialité de certaines informations... On en viendra même à redéfinir ce que sont la con