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Interview

Le technicien: «Le spectre du tout-crypté hante le monde».

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A l'heure du développement des réseaux, faut-il légiférer pour défendre la vie privée?
par Timothy C. May, informaticien.
publié le 2 septembre 2000 à 3h59
(mis à jour le 2 septembre 2000 à 3h59)

Diffusé de façon confidentielle pour la première fois en 1988, ce texte est connu sous le nom de «Manifeste crypto-anarchiste». Douze ans plus tard, cette vision délirante d'un futur d'anonymat généralisé devient d'actualité. Et sert d'étendard aux plus douteux des adversaires de toute régulation.

L'informatique est à la veille de permettre aux individus et aux groupes de communiquer et d'entretenir des relations dans l'anonymat le plus total. Deux personnes ­ physiques ou morales ­ pourront échanger des messages, faire des affaires et négocier des contrats électroniques sans qu'aucune n'apprenne jamais le véritable nom, ou la véritable raison sociale, de l'autre. Certaines procédures ­ réacheminement des paquets de données chiffrées, par exemple ­ et certains matériels, comme les boîtiers inviolables assurant codage et décodage des données avec une efficacité quasi totale contre les curieux, empêcheront de suivre à la trace les contacts tissés sur les réseaux. La notion de réputation va alors acquérir une importance essentielle. Dans les opérations commerciales, elle prendra largement le pas sur tout le reste, y compris sur les notes de solvabilité décernées par les agences de notation financières d'aujourd'hui.

Ces évolutions vont modifier du tout au tout la nature de l'activité réglementaire, l'aptitude de l'Etat à taxer et à contrôler la vie économique, la capacité à préserver la confidentialité de certaines informations... On en viendra même à redéfinir ce que sont la con