C'est le grand raout de la paranoïa. Les «Big Brother Awards», sorte de festival de l'espionnage technologique, décernent chaque année leur trophée (une tête écrasée par une botte) aux concepteurs d'odieux gadgets destinés à trifouiller l'intimité. Grand gagnant en 1999, à Washington (1) : le «numéro d'identification» de Microsoft, qui permet de suivre, via le Net, des activités de chaque utilisateur des logiciels de la firme de Bill Gates. Un exemple parmi les centaines de joujoux informatiques qui louchent sur notre vie privée à des fins commerciales, de sécurité ou de simple curiosité. En épluchant la liste des nominés, on trouve en vrac des systèmes de reconnaissance automatique des visages ou une brassée de logiciels de ciblage des internautes à visée marketing. Des outils qui agitent de plus en plus les associations de défense des libertés publiques et les internautes.
Avec l'essor de l'Internet, la menace technologique s'est déplacée. Big Brother, le totalitaire espion global, a cédé sa place aux Little Brothers : les entreprises, désireuses de profiler au maximum leurs clients ; les Etats, à des fins d'ordre public ; les employeurs, pour contrôler la productivité. Voire tout un chacun, par simple voyeurisme. Un phénomène qui rend pressante l'évaluation des nouveautés, pour différencier les technos «propres», respectueuses de la vie privée, des technos «sales», identifiantes et indiscrètes. «L'Internet a été conçu de façon presque naïve, à des fins non commerciales, po