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2e étape. Kalgoorlie pépites, putes et paris .

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publié le 12 septembre 2000 à 4h16

Il y a les yeux de Mak. Du bleu des rivières où les hommes se sont courbés, l'échine douloureuse, les mains glacées, et le coeur qui cogne quand, au fond du tamis, ruisselle cette poussière de soleil qui les avait tous rendus fous...

­ «Qu'est-ce que vous buvez ?»

Voilà que le géant, posé sur le tabouret voisin, prenait la parole. Sur le carnet tendu, il avait écrit son nom. Mak. Trois lettres pour une identité qui après tout ne comptait guère. Ici, les hommes ne font que passer. Ils travaillent dur et repartent. Le premier filon fut découvert sous l'asphalte de ce qui est aujourd'hui la route principale. L'or coulait dans les veines du désert, le nickel gonflait ses flancs. Ainsi naquit Kalgoorlie. Le campement de toiles et de planches longeait les concessions. Plus tard, le village dut s'accrocher aux précipices ouverts par les machines qui creusaient de nouvelles mines, mais il survivait alors que d'autres devenaient fantômes, démantelés par le vent, effacés par le sable.

Le bar de l'Exchange Hotel est le ventre de Kalgoorlie où, en hiver, se réchauffent les hommes. Quelle que soit la saison, ils s'y désaltèrent. Jusqu'à sombrer. La ville compte une femme pour six hommes et, entre les boîtes de bière qui sur le comptoir font un rempart, ils posent un regard attendri sur les seins des skimpies, ces barmaids vêtues de chiffons translucides que les mineurs pourraient froisser entre le pouce et l'index.

La vie à pile ou face. Mak porte aux yeux la clarté des rivières qui, à Kalgo