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Libération
Interview

«Le sport, pour exister sur la carte du monde»

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publié le 12 septembre 2000 à 4h16

Le docteur Stephen Alomes enseigne la civilisation australienne à l'université Deakin (Melbourne) et à l'université de Tokyo. Il analyse le rapport des Australiens avec le sport, à la fois lien social et moyen d'exister face au reste du monde.

Pourquoi le sport est-il si important en Australie ?

Les sociétés du Nouveau Monde se sont construites à l'ère de l'urbanisation et de l'industrialisation. Elles manquent de traditions folkloriques, d'histoires transmises par les anciens. Le sport est devenu le folklore de gens qui n'ont pas de traditions. La danse des jeunes hommes dans les tribus. L'équivalent des cérémonies tribales des Aborigènes.

D'autre part, l'Australie est différente des Etats-Unis. Dieu y a une présence plus faible. L'aspiration au succès matériel est une idéologie moins forte ; le pays est moins riche. L'Australie s'est définie comme une prolongation de l'Europe ; elle ne s'est jamais imaginée comme une puissance dominante, avec une destinée. Et puis, les colons australiens ont toujours dû faire preuve de courage physique. D'où la force du sport, qui donne du sens, du plaisir, de l'identité, et même des récompenses matérielles, à travers les paris. L'Australie adopte volontiers tout ce qui vient de l'étranger, la télé, la technologie, la culture. En sport, elle a créé ses propres traditions.

Le sport en Australie est à la fois ultralocal et international. Pourquoi ?

Le sport, c'est le moyen pour l'Australie d'exister sur la carte du monde. Le pays aime se mesurer