C'était au mois de juin dans le patio du musée d'Art moderne de Monterrey au Mexique. A l'issue de plusieurs semaines d'atelier, Emilie Valantin présentait une courte pièce interprétée par des marionnettes de glace. Ce n'était pas la première fois: il y a quatre ans, elle avait créé au Festival d'Avignon une version du Cid de Corneille entièrement jouée par des petits personnages congelés. Sacrée gageure... Manipuler des marionnettes tout en disant des alexandrins tient déjà du casse-tête; si, en plus, les héros fondent ou se brisent... Le pari avait été pourtant tenu, et ce Cid de glace continue à tourner en France et dans le monde entier.
Emilie Valantin a toujours eu la curiosité des matériaux: «Quand j'étais petite, au lieu de faire mes devoirs, je bricolais dans ma chambre en douce.» L'exemple venait d'en haut. Son père, menuisier-ébéniste installé à Lyon, lui a transmis sa passion pour le travail des mains: «Une part de moi aurait pu être coiffeuse ou couturière», mais il y avait aussi des livres à la maison, la présence d'une mère institutrice et, malgré le bricolage, des études de lettres et quelques années d'enseignement, notamment en Afrique. «J'aime la marionnette parce qu'elle me permet de ne renoncer à rien», confie-t-elle aujourd'hui.
Relevé d'empreintes. Le laboratoire d'Emilie Valantin est situé à Montélimar. Là, cette petite énergique a fondé dans une ancienne menuiserie le théâtre du «Fust», ce qui signifie le «bois» en franco-provençal. Pour fabriquer ses pe