Pulcinella, Polichinelle, Punch... Les homoncules, les automates, les ombres, les statues animées... Puppets, burattini, pupi... Cet art du peu où le verbe, la parole agissent comme en absence de l'acteur, la marionnette, ce personnage artificiel fascinait déjà Xénophon, tout autant que Platon. Plus tard, des poètes chinois ou moyen orientaux des IXe ou Xe siècles surent aussi voir dans la manipulation des figures de bois ou de tissu ou de papier une allégorie de la condition des humains actionnés, joués, par les dieux. «La marionnette remue en nous des choses profondes», a affirmé Antoine Vitez: comme Gordon Craig au début du siècle, ou Pirandello propulsant des apparitions d'être factices dans ses Géants de la montagne, comme aussi Peter Brook et Ariane Mnouchkine, Vitez a défendu ce «théâtre du théâtre, son frère mal aimé relégué parmi les pauvres» dans lequel des pantins inanimés accèdent à la vie: «La marionnette est l'art de la partie pour le tout: c'est la main à la place de la tête ou du corps entier. Le plaisir que l'on éprouve devant elle a quelque chose de la connaissance érotique: en possédant un fragment du corps d'un autre ou d'une autre, on croit posséder l'être même. La marionnette prend sa source dans les jeux secrets de l'enfance et il ne faut pas en avoir peur.»
Métamorphose. Or on enferme le plus souvent les montreurs dans la catégorie prison dite «spectacles pour enfants»...Vitez, encore lui, avait ce bon mot: «On humilie l'enfant en lui donnant la marion