Galvauder... Michel Séonnet raconte : «Françoise [passante à la Maison de la solidarité de Gennevilliers] me donne son texte à lire : "Je n'étais pas seule. Lahcen était là, il est toujours là. Nous sommes inséparables. Nous avons vécu d'hôtel en hôtel. (...) A force de galvauder, je connais tous ces endroits de banlieue où l'on ne fait que dormir pour une nuit."» Galvauder : gâcher, gâter... Michel Séonnet suggère à Françoise de peut-être changer ce mot. L'écrivain «ne croit pas que ça ait le sens qu'elle lui donne». Françoise ouvre le Robert, fouille dans cette boîte avec gourmandise jusqu'à ce qu'elle trouve le bon mot. «Galvauder : traîner, muser sans rien faire.» Oui, c'est exactement ce qu'elle veut dire. «Il y a même : "Galvaudeux : vagabond, propre à rien."» L'écrivain ignorait...
Ce qu'il sait, du jour où, dans les années 70, il a rejoint Armand Gatti, c'est qu'«une partie du travail de l'écrivain se fait avec les autres». Michel Séonnet écrit des romans (la Tour sarrasine, 1996, Que dirai-je aux enfants de la nuit ?, 1994, Verdier), des pièces de théâtre, l'introduction aux oeuvres théâtrales d'Armand Gatti... Il écrit avec les adultes handicapés du Centre d'aide par le travail de l'Essonne. Avec les habitants de Saint-Dizier, «une petite ville, la première ville nouvelle, chargée d'utopie urbanistique, et où se posent toutes les questions de la ville» : industrie, immigration, chômage, stigmatisation... Avec les SDF, les RMistes, les paumés (Perdu qui comme Ulysse.